SOMMAIRE 

"Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer" - Beaumarchais




1 – LE JUGEMENT DERNIER
Sans crier gare, Dieu le Père décide que le Jugement dernier (que personne n’attend avant plusieurs millions d’années) aura lieu dès le mois prochain ; bel affolement dans la fourmilière humaine !

2 – L’INTOLERANCE ET LA BÊTISE
Les hasards de l’état civil font de Mademoiselle Intolérance et de Mademoiselle Bêtise les filles de Monsieur Lignorance. Tout au long de leur vie, les deux sœurs auront à cœur de faire honneur à leur patronyme.

3 – LE CENTENAIRE
Monsieur Désiré a cent ans. La vie n’est pas toujours rose à la maison de retraite, mais aujourd’hui ses compagnons organisent une grande fête en son honneur. Comment Mme l’Intendante et Mr le Directeur réagiront-ils?

4 – AUX NORMES
Monsieur Ladroiture est la droiture même, ce qui, selon lui, n’est pas le cas de son rejeton. Il tente de lui faire respecter les règles qui régissent la Société et de le faire enfin entrer dans les normes. Les normes ? Quelles normes… ?

5 – LES PILULES DU PROFESSEUR WELLSTEIN
Doux savant farfelu bienfaiteur de l’humanité ou homme d’affaires cupide, qui est vraiment le professeur Wellstein ?

6 – L’OEUVRE
Madame la Baronne n’est pas de ces gens qui, n’ayant rien à dire, le disent pourtant si bien que personne ne pourrait dire que vraiment ils ne disent rien. Dans ces conditions, où puiser l’inspiration qui lui fait tant défaut ?

7 – A QUOI CA TIENT
« Accorder ou refuser la grâce du condamné à mort ? Qu’en penseront les électeurs ? Retrouverai-je mon siège au Congrès ? Où est mon intérêt ? » L’infortuné Gouverneur réussira-t-il à trancher la question ?

8 – L’EXTINCTION DU GENRE HUMAIN
Contrairement aux prédictions de Nostradamus et de Pacco Rabane, l’espèce humaine ne s’est pas éteinte à la suite d’un cataclysme. Mais alors, de quoi l’homme est-il mort ?

9 – LE CHAT, LA VIEILLE DAME ET LA SOURIS
Chat de salon dans les beaux quartiers, Ulysse n’a jamais rencontré de souris. Ignorant qu’elle est son ennemie héréditaire et qu’il doit en débarrasser l’humanité, il refuse d’accomplir son job ancestral, au grand dam de la vieille dame, affolée par tout ce qui n’est pas de son monde.

10 – LA DOYENNE
Au seuil de sa cent vingt troisième année, Hortense Riboux craint que son sex-appeal soit sur le déclin. Bien que ses amants soient toujours aussi nombreux et comblés, elle décide de recourir à l’euthanasie. Mais comment convaincre son médecin de l’aider à passer de vie à trépas ?

11– L’INSOUMIS
« Il n’est point de sot métier… » affirme le proverbe bien connu. Mais quelquefois, vraiment, trop c’est trop !

12 – POUR FAIRE LA UNE
Elle grogne la France profonde, personne ne parle d’elle . Comment un petit village de 137 âmes pourrait-il attirer l’attention des médias ? ? Le conseil municipal planche douloureusement sur le sujet.

13 – MANQUE DE POT
« Manqu’ de pot », c’est ainsi qu’on l’appelle. Si vous avez une larme de reste, versez-la sur le sort funeste qui poursuit depuis sa naissance un garçon qui n’a pas de chance.

14 – LE RETRAIT
La BPCPB, Banque Pour le Crédit à Ceux qui n’en ont Pas Besoin, n’est pas tendre avec ses clients… du moins avec certains.

15– MONSIEUR SAUVEUR
Martine, péripatéticienne chevronnée, réussira-t-elle à prendre le dessus dans le combat qu’elle livre à son « protecteur » ? La vengeance est un plat qui se mange froid…

16– NOBLESSE OBLIGE
Depuis que la Révolution victorieuse a imposé l’égalité, la noblesse a perdu ses privilèges. Les temps sont durs pour les aristocrates.

17- MALOUKA
Les avatars d’un homme qui s’est rendu acquéreur d’un robot de sexe femelle. De l’humain ou du robot, qui est le maître, qui est l’esclave ?

18 – EX AEQUO
Pour reconquérir l’intérêt du public blasé et las des émissions de télé réalité semblables les unes aux autres, cinq compétitrices sont lancées dans une épreuve d’un nouveau genre, à l’échelle planétaire. Le monde retient son souffle.

19 – UN NOMME DUPONT
Quels moyens convient-il d’utiliser pour que la presse à sensations désigne Jean Dupont autrement que par son nom propre, trop commun à son goût ?

20 – FAUT FAIRE AMERICAIN
Existe-t-il la moindre chance de réussir dans le show-biz quand on s’appelle Alfred Bouillasse ou Honorin Trachou ? Ne faut-il pas être « tendance », faire un peu américain ?…

21 – UNE BONNE ACTION
Quoi de plus louable que de se porter au secours de son prochain, surtout si c’est une « prochaine » avenante ? Comme un bienfait, une bonne action n’est jamais perdue ; Jamais ?…



EXTRAITS

Extraits de 
FAUT FAIRE AMERICAIN :

 


 

Ensemble ou séparément les deux vedettes remplissaient les salles et leur succès ne se démentait pas. Tels les monstres sacrés d’autrefois, ils étaient capables de faire rire un croque-mort souffrant d’une crise aigüe d’hémorroïdes, aussi bien que d’arracher des larmes au serial killer le plus endurci.

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Ils mirent longtemps un point d’honneur à dédaigner les nombreux spots publicitaires qui leur étaient proposés. "Nous ne sommes pas des camelots" déclaraient-ils fièrement. Mais l’honneur ne se montre pointilleux qu’en-dessous d’un certain prix, et lorsque les mirobolants cachets offerts se firent plus mirobolants encore, ils convinrent d’un commun accord qu’il était de leur devoir de ne pas se refuser à leur public. 

 

Grâce à eux, la couche "Cessidou" devint la favorite des nourrissons braillards et des octogénaires incontinents. La serviette hygiénique "Total Sécurity" détrôna définitivement les tampons d’un autre âge, peut-être aussi parce que, n’absorbant à la télé que le sang bleu, elle faisait rêver les roturières de tous les pays. Les machines à laver refusèrent de remplir leur office si elles n’étaient pas gavées de lessive scandinave "Blankomnej" et les insectes n’acceptèrent de se suicider qu’aux effluves enivrants de "Moustik Kaput"

 

Le talent de Fred et de Mac faisait mouche à tous coups. La végétarienne la plus convaincue ne put résister aux attraits de la côte de bœuf "Bongril", la femme à barbe se laissa convaincre par l’efficacité du rasoir "Kikouptou", le Loulou de Poméranie n’accepta plus que la pâtée recommandée par "60 millions d’amis" et la jeune mariée à qui son époux refusait le matelas "A la Française" boycotta la nuit de noce. La courbe des ventes des produits dont Fred et Mac vantaient les mérites s'élevait presque à la verticale vers des sommets jamais atteints.

Conséquence de la gloire des uns, la notoriété des autres déclinait et les fêtes qui attiraient jusqu’alors le grand et le demi-monde commencèrent à être boudées. Elles ne pouvaient pas rivaliser avec celles, grandioses, qu’organisaient nos deux amis. Qu’on en juge :  

 

Chez Fred aussi bien que chez Mac se dressaient au bord d’une piscine olympique deux imposantes sirènes de bronze auprès desquelles la pauvre ondine de Copenhague faisait figure de naine, ce qu’elle est au demeurant. Leurs seins orgueilleux déversaient un flot ininterrompu de Champagne millésimé qui se répandait en joyeux tourbillons sur des pyramides de coupes du plus fin cristal et les extras dépêchés par Fauchon proposaient les mets les plus raffinés en un service non-stop
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Les orchestres discos, jamaïcains, africains, cubains, afro-cubains donnaient à des bataillons de vampettes dénudées l’occasion de faire admirer les prodiges de la chirurgie esthétique, en des danses dont la lascivité aurait fait rougir les strip-teaseuses les plus libérées, et, sous le ciel étoilé, l’amour à la française tenait la dragée haute aux performan­ces, dépassées, du Kâma-Sûtra.

 

 

  LE JUGEMENT DERNIER (extrait)  


A la suite d'une pub vue à la télé, je téléphone au 01 01 01 01 01:
(............................)

-Bonsoir, vous êtes bien au 01 cinq fois. Veuillez patienter, nous allons donner suite à votre appel.

Le message, diffusé en boucle, était agrémenté d’une musique de fond en laquelle je crus reconnaître la mélodie du Gloria in excelsis Déo que je chantais lorsque j’étais enfant de chœur. Elle se répéta sept fois avant d’être interrompue :

-Bonsoir, mon nom est Pierre, que puis-je pour votre service ?

La voix, bien que parfaitement audible, venait manifestement de très loin. Chaque mot était précédé et suivi d’une espèce d’écho. Sans doute un effet satellite.

-Eh bien, j’ai vu votre annonce à la télé et comme je suis d’un naturel plutôt curieux… Oh, j’imagine bien qu’il s’agit d’une pub, mais j’ai voulu savoir pour quel produit et…

-Non Monsieur, il ne s’agit pas de cela, répondit mon interlocuteur sur un ton condescendant et, me sembla-t-il, agacé. Sachez que nous n’avons besoin d’aucune publicité pour asseoir notre notoriété. Notre service de presse fonctionne depuis plus de deux mille ans et nos clients se comptent par centaines de millions, malgré une rude concurrence… Mais si vous voulez bien patienter un moment, je vais vous mettre en communication avec le Grand Patron. Il tient à répondre en personne à tous les appels.


Une blague ! Ce n’était qu’une blague cousue de fil blanc et pleine de contradictions : en effet, pourquoi une pub à la télé si l’on n’a pas besoin de racoler le client ? Pourquoi diffuser un spot quand on a un service de presse vieux de deux mille ans, une notoriété bien assise et des chalands à ne savoir qu’en faire ? En outre, était-il concevable que le Grand Patron d’une boîte aussi importante répondît personnellement au premier quidam venu ? Je me promis de mettre fin à la communication si l’on me faisait poireauter trop longtemps, mais cette fois l’attente fut de courte durée:

-Ici Dieu le Père, bonsoir mon fils.

Ca continuait ! Tiraillé entre les envies contradictoires de raccrocher, d’éclater de rire ou de piquer une colère, j’optai finalement pour la réaction violente.

-Ca ne se passera pas comme ça, espèce de taré, hurlai-je dans l’appareil, je vais porter plainte à « 60 Millions de Consommateurs » ! J’ai moi-même un certain penchant pour le canular, mais à cinq euros la minute, ça met la plaisanterie au prix du caviar…

-Serait-ce payer trop cher la rémission de tes péchés ?

-Bon, ça suffit maintenant. Je ne suis coupable que de péchés de chair et j’ai mon curé personnel ; je ne vais pas le priver du plaisir de m’entendre à confesse. Mais puisque j’ai été assez poire pour me laisser avoir, dites-moi au moins ce que vous avez à vendre… Si vous êtes Dieu le Père, moi je suis Jeanne d’Arc !

-Homme de peu de foi, regarde par la fenêtre, s’il te faut des preuves.

Devant moi, encadrée par la baie vitrée, la Tour Eiffel scintillait de tous ses feux. L’espace d’un clignement d’œil, elle avait disparu ! Dans le même temps Dieu se glissa en moi et tout d’un coup je sus.

-Notre père qui êtes aux Cieux, bredouillai-je à plat ventre sur la moquette, que Votre nom soit sanctifié, que Votre règne arrive, que…

-Bon ça va comme ça, les salamalecs. Si tu crois que c’est avec ça que tu vas m’amadouer, tu vas être déçu mon fils, je dois te le dire ; J’attends de toi beaucoup plus… oui, beaucoup plus.

-Que Votre volonté soit faite.

-J’y compte bien ! Et maintenant écoute-moi attentivement et ne m’interromps pas ; Voilà :

J’ai les boules, mon fils, j’ai les glandes, ça ne peut plus durer. J’aurais dû sévir plus durement dès le début, dès le coup d’Eve et sa pomme d’amour, dès l’histoire d’Abel et Caïn. Mais je suis trop bon, trop permissif et vous en avez profité. J’ai même été jusqu’à vous envoyer mon rejeton pour vous ouvrir les yeux et vous me l’avez trucidé ! Et encore, ce n’est pas le plus grave ; je l’ai mis en réanimation et basta. Mais tout ce que vous avez pu faire en mon nom, ce n'est pas croyable ! Les Croisades, l’Inquisition, la Saint Barthélémy, les sorcières aux bûchers, les guerres de religion, les catéchisations, les colonisations, j’en passe et des meilleures pour faire court.

J’ai tout accepté, j’ai tout avalé sans rien dire ; mais faudrait voir à pas pousser grand père dans les orties ! V'la-t-y pas que maintenant vous vous attaquez à ma propriété privée : Avec toutes ces fusées, ces Spoutniks, ces sondes, ces satellites que vous balancez à tort et à travers, mon atmosphère est plus polluée que celle d’Athènes aux heures de pointe et ça je ne peux pas l’accepter. Des milliers d’engins de toutes sortes encombrent mes voies, que j’ai pourtant voulu impénétrables, et si ça continue, il faudra que je consulte Bison Futé avant de partir en week-end . Saint Christophe ne voudra plus m’assurer, il m’a déjà sucré mon bonus ; Alors tu comprends, ça m’a pris la tête tout ça, j’ai pété les plombs et j’ai décidé de tout arrêter.

 

 

 

 




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